Le Blog Rétro de Crapahute
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Mon aventure numérique ne s’est pas arrêtée là. Mon cousin Guillaume, toujours lui, a acquis un micro-ordinateur Sinclair, le ZX81. C’était fascinant.
Cette machine, un carré en plastique noir d’une vingtaine de centimètres de côté et d’une épaisseur de moins de 5cm, dotée d’un clavier à membrane sensitive désagréable au possible, se raccordait à la télévision. Sa haute résolution était capable d’afficher 64x48 pixels en noir et blanc et l’engin ne produisait aucun son.
Panique sur ZX81
La conception du Sinclair ZX81 avait pour objectif de produire un ordinateur aux performances certes modestes, mais à un coût raisonnable. D’ailleurs il était possible de l’acheter encore moins cher en kit.
La machine consacrait la moitié du temps à l’affichage. Le programme lui-même n’était traité que lors des retours à la ligne du canon à électron du tube cathodique.
Outre le ZX81, le britannique Clive Sinclair devenu Chevalier en 1983, est à l’origine des ordinateurs ZX80, ZX Spectrum et Sinclair QL.
Comment cette machine complètement muette, si peu ergonomique, à la résolution d’image quatre fois moindre que celle de ma Colecovision pouvait m’intéresser ?
C’est que cette merveille possédait un langage Basic qui permettait de la programmer. On pouvait interagir, communiquer avec elle et "faire ce qu’on voulait".
Certes sa mémoire vive (RAM) de 1 kilo-octet était quelque peu étroite. En gros cela signifie qu’elle ne pouvait contenir que 1024 caractères.
Pour ceux qui ne voient pas ce que cela représente et qui voudraient avoir une idée, je viens d’ouvrir MS Word sur mon PC moderne et j’ai sauvegardé un fichier vide au format par défaut (.docx). Ce fichier vide de tout texte (il ne contient que les informations de mise en page) pèse 11Ko, soit 11 fois la mémoire du ZX81.
Je me souviens avoir compté avec Guillaume toutes les lettres d’un programme dans un livre pour être sûr qu’il tiendrait dans la mémoire du ZX avant de le taper.
Les listings que nous tapions étaient plein de promesses mais une fois le programme lancé, nous ne pouvions que constater que nous étions loin des standards de l'arcade ou des consoles de jeu. Et cependant, c'était passionnant et excitant !
Guillaume enregistrait ses programmes à l’aide de sa radio-cassette. C’était la norme à l’époque. Les programmes et les données des micro-ordinateurs étaient enregistrés sur la bande magnétique d’une simple cassette audio, les disquettes et à fortiori les disques durs étaient extrêmement chers et inaccessibles. L’inconvénient des cassettes était leur temps de chargement et il fallait attendre de longues minutes avant qu’un programme ou un jeu ne soit chargé dans la mémoire de l’ordinateur avant de pouvoir l’utiliser.
Guillaume acheta rapidement une extension pour étendre la mémoire de sa machine à 16Ko. Avec 16 fois plus de RAM, tout devenait possible !
Plus tard il ajoutera à sa configuration une imprimante thermique qui imprimait sur un papier spécifique.
Taper un programme, le modifier à sa guise, c’était un nouvel univers qui s’ouvrait à moi. Avantage indéniable, il était facile de copier les programmes et quand on sait qu’un jeu sur cassette pouvait coûter entre 150 et 200F (environ 300F pour une cartouche de jeu Colecovision), l’argument faisait mouche.
Cela faisait un an que je jouais sur Colecovision et maintenant je voulais passer à autre chose et programmer.
Crazy Kong
Livres de listings Basic
Une fois tapés, les jeux étaient loin de ressembler à l'idée qu'on s'en faisait...
ZX81 avec extension 16Ko
Un truc inimaginable ! Grace à ce jeu, on pouvait apprendre à piloter un avion… enfin, c’est ce que nous pensions. Le vol se passait de nuit permettant ainsi de cacher les limitations de la machine. Il y avait néanmoins une carte permettant de s’orienter vers l’aéroport de destination.
Comme toujours, décollage et surtout atterrissage étaient des phases critiques. J’ai tout de même appris mes premières notions de pilotage (virtuel) et le vocabulaire qui va avec (les flaps, les balises de navigation…).
J’ai par la suite toujours été attiré par les simulateurs de vol, mais je n’ai jamais été très bon. C’était en grande partie dû au fait que n’ayant pas la notice des jeux(…), je devais passer par une période de tâtonnements pour connaître toutes les commandes du clavier. Et forcément, il me manquait des informations pour maîtriser parfaitement mon aéronef.
Des centaines de jeux sont sortis sur ZX81. Tous les genres sont représentés et malgré les limitations techniques, bon nombre sont de bons jeux. Enormément de programmeurs, essentiellement européens, ont débuté avec cette machine (ou son ancêtre direct le ZX80).
Raider est typique des jeux de l’époque. C’est un clone de Scramble dans lequel vous survoler la surface d’une planète tout en étant exposé au feu ennemi.
Vous pouvez bombarder les aliens ou les détruire avec votre laser en gardant un œil sur votre jauge d’essence.
Ancien prof, Don Priestley a développé Mazogs en freelance. Il est sorti chez Bug Byte en 1982.
C’est l’un des premiers jeux sur ZX81 à présenter de si gros sprites animés. Dans ce jeu techniquement impressionnant pour la machine, vous explorez un labyrinthe à la recherche de trésors.
Les Mazogs vous barreront le chemin et vous devrez les combattre à l’épée ou à mains nues. Les prisonniers que vous délivrez au passage vous montrent un court instant le chemin à emprunter pour atteindre le trésor.
Il s’agit là ni plus ni moins de l’un des premiers jeux 3D sur un micro-ordinateur personnel.
C’est aussi le premier jeu d’un genre qui deviendra le survival horror.
Enfermé dans un labyrinthe (vu à la première personne), il nous faut rapidement trouver la sortie avant d’être rattrapé par un tyrannosaure.
Plus on est prêt du T-Rex, plus celui-ci est actif. La qualité de ce jeu en ont fait un hit incontournable du ZX81.